Extrait 12318 des "Archives d''Hargo"

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Dans l'obscurité du temple, la lumière dansante d'une torche se reflétait sur les milliers de cristaux sertis à la surface des murs. L'éclat verdâtre des pierres dessinait un fantastique tableau lumineux dans lequel un marin aurait pu reconnaître la portion de voie lactée entre le Cygne et le Grand Chien....

Le "crieur du temps", vêtu d'une robe blanche et coiffé d'un bonnet de laine rouge titubait, enivré par les vapeurs acres de l'herbe sacrée. Il s'écroula sur les épaisses peaux de bélier qui couvraient les dalles de marbre blanc. Une poudre d'or s'envola portée par un courant d'air tiède.

Assis sur les marches de l'esplanade, le guerrier attendait en grignotant des figues sèches. D'un geste rageur, il chassa les moucherons attirés par la sueur qui coulait sous son casque d'airain. Pélias n'aimait pas le petit prêtre qui se déplaçait toujours pieds nus, en silence, aussi fantomatique que les esprits auxquels il s'adressait. Mais ce dernier détenait le savoir des grands anciens. Le "crieur du temps" lisait l'avenir et jamais il ne se trompait ... connaître l'avenir se révélait une arme redoutable et Pélias "l'usurpateur" était un être pragmatique qui savait reconnaître le pouvoir d'une arme.

Quand le "crieur du temps" apparut le guerrier se releva lentement. Il darda ses yeux clairs dans ceux du prêtre.

Alors ?

Un voile léger passa sur le visage de l'oracle. Des poussières d'or scintillaient sur sa peau blême. Le prêtre était fluet, presque gracile, mais sa voix ferme résonnait avec des accents métalliques. Il prononça les mots lentement dans la langue des anciens.

Pélias... tu périras de la main d'un parent.

Le guerrier sentit un frisson glacé courir sous sa cuirasse de bronze.

Quand ?
Je ne sais pas ... Son pied droit sera déchaussé lorsqu'il se présentera aux portes de Iolcos.

Quelques années plus tard, Jason, le neveu de Pélias, se présenta devant les murailles de la ville. Son pied droit était nu, comme l'un de ses genoux.... Des témoins affirmèrent l'avoir vu perdre sa sandale en traversant les flots tumultueux de l'Anaurus. Il n'en était rien. Le jeune homme respectait simplement une tradition des rescapés de la grande île.

Lors du grand cataclysme, d'autres survivants avaient trouvé refuge sur les montagnes bordant la mer des Scythes. Jason et son oncle le savaient, comme ils savaient que ces autres fils de l'ancien peuple détenaient les pierres sacrées.

En échange de la promesse de lui restituer le trône de son père, Pélias exigea que Jason lui ramène ces pierres. Pour cette quête, le jeune homme s'entoura de compagnons qui, comme lui, appartenaient aux descendants de l'antique civilisation. Des hommes que les anciens grecs considéraient comme des demi-dieux, Hercule, le champion des "épées", Orphée, le barde des "coupes", Castor, le jeune maître des "deniers" et bien d'autres encore.

Ces héros embarquèrent sur un navire construit selon les vieilles coutumes par un maître charpentier. Ce bateau portait le nom du pays d'autrefois, Hargo.

La suite de cette histoire est connue. Elle fut racontée des milliers de fois par les poètes de l'antiquité, sous le nom de « conquête de la toison d'or ».

Avec l'aide de Médée, Jason ramena en Grèce Bohor, l'une des trois pierres fabuleuses.

Pour la première fois depuis 25 000 ans les pierres sacrées avaient été séparées...."

Joseph Darrieusec, chanteur de mémoire, 1454 -1512

chapitre 1

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