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Le réveil de la vouivre
30 décembre 2019

chapitre 5

 

  • Tu ne m'as pas dit comment tu t'appelais ...

  • Meritxell.

Alex leva un sourcil surpris, il n'avait jamais entendu ce prénom auparavant.

  • Joli .... Tu fais quoi dans la vie ?

La jeune fille sirotait un thé glacé en regardant le soleil se coucher sur les collines de Navarre. La chaleur de l'après midi avait fait place à une température plus agréable. Le ciel prenait des teintes roses et dorées tandis que sur le sol les ombres s'allongeaient démesurément. Elle attendit un long moment avant de répondre.

  • Je suis étudiante .

  • Qu'est ce que tu étudies ?

  • Le vitrail ...

  • En Espagne !

La jeune fille se renfrogna sur le champ.

  • Les français, quelle arrogance ! Vous prenez vraiment tous les autres pour des cons ! Il existe d'autres cultures que la vôtre dans le monde...

Alex voulut répliquer mais elle ajouta aussitôt.

  • J'ai étudié trois ans à Chartres et maintenant je poursuis mon apprentissage ici.

  • Tu prends mal tout ce que je dis ! J'ignorais simplement qu'il y avait des écoles pour le vitrail en Espagne.

  • C'est un art graphique comme un autre, il existe des écoles de vitrail partout dans le monde. Il y a d'excellents artistes au Canada. J'ai hésité à me rendre là bas ... Et toi tu fais quoi ?

  • Je suis prof d'histoire dans un lycée de Bordeaux.

Elle le dévisagea avec surprise.

  • Professeur ! tu as quel âge ?

  • Vingt sept ans et toi ?

  • Moi, vingt quatre ...

Un jeune homme s'approcha de leur table. Mince, bronzé, il avait une allure sportive, ses cheveux longs étaient retenus par un bandana.

  • Je peux m'asseoir avec vous ?

Meritxell sourit et lui montra une chaise. Alex lui tendit la main.

  • Pas de problème, je m'appelle Alex et voilà Meritxell. Excuse moi, je parle très mal espagnol.

  • Carlos – il serra leurs mains - je parle français, j'ai vécu à Biarritz pendant un an.

  • Qu'est ce que tu faisais là-bas ?

Un sourire d'une blancheur éclatante illumina le visage du jeune homme.

  • Du surf ... Je viens de Gran Canaria. Euh ! vous voyagez ensemble ? - avec les mains il s'accrochait les doigts. Alex répondit rapidement.

  • Oui – il éclata de rire devant le hoquet d'indignation de la jeune fille - depuis une heure.... On s'est rencontré en ville dans l'après midi. Pourquoi tu demandes ça ?

  • Tout à l'heure pendant que je remplissais les papiers avec l'hospitalero il y avait un type de la Guardia Civil, qui relevait des noms sur le cahier d'enregistrement. Il posait des questions sur une jeune espagnole et un français qui vous ressemblaient. Je pense que c'est à cause du meurtre sur le pont. Ils doivent enquêter sur tout le monde.

Alex sursauta.

  • Un meurtre! J'ai vu un type pendu au vieux pont en arrivant ...je croyais que c'était un suicide.

Carlos leva les yeux au ciel et se signa.

  • Paix ait son âme! J'ai parlé avec un policier. Le pendu avait le crâne fracassé et il aurait fallu qu'il traverse la ville à poil parce qu'on a retrouvé aucun de ses vêtements.

Merixell demanda d'une voix émue.

  • C'est horrible, c'est quelqu'un d'ici ?

  • Je ne sais pas mais à priori non. Ils ont affiché une photo sur la porte d'entrée pour un appel à témoins. Je vais la chercher.

 

Il se dirigea vers le bureau d'accueil de l'auberge et, après avoir jeté un coup d'oeil dans la pièce, retira une petite affiche scotchée sur la porte vitrée. Quelques secondes plus tard il était de retour et montrait une mauvaise photocopie aux deux jeunes gens qui poussèrent le même cri devant le visage du défunt.

 

Carlos les regarda, intrigué.

  • C'est l'homme qui m'a doublé en haut de la Sierra-del-Perdon.- s'exclama Alex – Un vieux qui marchait comme un forcené. Il donnait l'impression d'avoir le diable aux trousses ...on dirait qu'il l'a rencontré.

Carlos, à califourchon sur sa chaise, se penchait sur la photo. Le visage était déformé par les affres de la mort. Les yeux grand ouverts fixaient l'éternité avec horreur.

  • Tu sais qui c'est ?

Alex répondit.

  • Non, je le suivais dans la descente de la Sierra-del-Perdon ... Tout de suite après les grandes éoliennes. Je l'ai vu glisser et se casser la figure. En arrivant à l'endroit où il était tombé j'ai trouvé sa crédenciale. Je pensais lui rendre au refuge suivant.... Au fait, son nom doit être sur la crédenciale !

Meritxell murmura.

  • C'est monsieur Juanes ...

La jeune fille avait les yeux humides. Sa voix était cassée par l'émotion.

  • C'est un ami, il est de mon village...

  • Il est de ta famille ?

  • Non ! il est ... - la jeune fille cherchait ses mots - il est de chez moi. Il faut que j'appelle mon père .

  • J'ai un portable.

Meritxell hésita un instant et prit l'appareil que lui tendait Alex. Quand son interlocuteur décrocha , elle lui parla dans une langue étrange qui ressemblait à un gazouilli d'oiseau. Elle s'expliqua ainsi pendant quelques minutes puis elle interrompit brutalement la conversation en refermant le clapet de l'appareil.

Visiblement contrariée elle le rendit au garçon qui lui demanda.

  • Quelque chose ne va pas ? Il y a un problème ?

La jeune fille faisait la grimace.

  • Mon père m'a interdit d'en parler à qui que ce soit et il m'a interdit de téléphoner. Je ne comprends pas, il paraissait furieux !

Alex rangea son portable en haussant les épaules.

  • Bon et bien s'il ne veut pas que tu en parles, on n'en parle pas et on laisse la « Guardia Civil » se débrouiller. Voilà, c'est pas grave. Demain on file d'ici, et c'est oublié ! tu régleras ça avec ton père en rentrant.

Carlos regardait Meritxell avec insistance.

  • Tu parlais dans quelle langue ?

La jeune fille rougit.

  • C'est un patois de mon village.

 

Les jeunes gens discutèrent encore quelques minutes puis regagnèrent le dortoir. La route était longue jusqu'à Estella et le lendemain ils auraient le temps de parler puisqu'ils venaient de décider de faire ce bout de chemin ensemble.

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