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Le réveil de la vouivre
6 février 2021

chapitre 13

Meritxell et Alex dînaient dans un petit restaurant du centre ville. Ils avaient trouvé sans difficulté deux chambres confortables dans un hôtel proche de la gare routière. La patronne avait accepté de laver leurs vêtements qui puaient la sueur et la poussière.

La jeune fille semblait soucieuse devant son assiette de tapas.

  • Qu'est ce qui ne va pas ?

Meritxell hésita avant de répondre.

  • Plein de choses.

  • Et bien commence par le début.

  • D'abord je ne peux pas te rembourser tout de suite la chambre d'hôtel.

Alex s'exclama en avalant un « pimentos » à l'huile d'olive.

  • Je ne t'ai jamais demandé de me rembourser quoique ce soit.

La jeune fille se renfrogna.

  • Il n'est pas question que tu payes à ma place ! Tu as dit toi même que j'avais un sale caractère. Ne m'oblige pas à te le prouver.

  • Si tu tiens tant que ça à payer ! - répondit le jeune homme en souriant. Tiens il faut que je te dise quelque chose .

  • Quoi donc ? Encore une bêtise.

  • Non ... C'est mon secret ! Moi aussi j'ai des secrets.

La jeune fille sourit.

  • Je t'écoute.

  • Je suis ici à la suite d'un vœu !

  • Comme beaucoup de pèlerins.

  • Oui mais un vœu fait... parce que j'ai gagné beaucoup d'argent.

  • Tu as hérité ou gagné dans une loterie ?

  • Oui exactement, au loto ! J'ai plusieurs millions d'euros qui m'attendent à la banque.

Elle sourit en l'observant attentivement. La serveuse leur apportait deux cañas de bière blonde, Alex commanda une nouvelle assiette de tapas. Vingt heures sonnait au carrillon de l'église et le bar se remplissait de plus en plus vite. Un brouhaha ininterrompu les forçait à élever la voix. Meritxell se pencha par dessus son verre.

  • Finalement tu as un certain charme .... pour un français.

  • Alors je peux te payer des hôtels cinq étoiles tous les soirs si je le désire.

  • Non Alex, on n'est pas ensemble ! - elle posa sa main sur la sienne – je te l'ai déjà dit je crois. Ton argent, c'est ton argent, pas le mien.

  • Bon d'accord ! Je note tout ce que je paye à ta place et tu me rembourseras plus tard quand tu pourras. Ça te va comme ça ?

  • Oui !

  • C'est OK ! À toi de m'en dire plus sur les pierres.

  • Tiens tu me crois maintenant ?

  • Je n'ai pas dit ça, mais on va faire comme si ....

  • Pourquoi es tu si méfiant ?

  • Je suis un scientifique. Le merveilleux, les histoires de trésors, de savoir secret, c'est bien beau, ça excite l'imagination mais ça ne résiste jamais à une analyse scrupuleuse des faits. Je suis désolé mais c'est comme ça.

    Meritxell arbora une petite moue déçue.

  • Bon, je ne chercherai plus à te convaincre.

  • Alors ne le fais pas mais racontes moi sincèrement ton histoire et je ferai la part des choses. Je ne suis pas complètement obtus. Si j'ai retenu ce que tu as dit, lorsque la Vouivre se réveille ceux qui sont en possession des pierres sacrées, Graal, escarboucle ou pierre philosophale voient leurs pouvoirs amplifier.

  • C'est ça.

  • Quels pouvoirs ?

    Meritxell se figea. Elle hésita un instant avant de répondre.

  • Je ne sais pas vraiment... les capacités propres de chaque individu.

  • Mouais .... La Maison-Dieu, dont tu ne nous a rien dit, détient déjà l'escarboucle et cherche à s'emparer de la pierre philosophale qui est la possession des Jaks.

  • Toujours exact ! La Maison-Dieu ... Ce sont des Templiers.

  • La Vouivre doit bientôt se réveiller et les Jaks vont chercher à récupérer leur pierre, cachée lors de sa dernière mise en sommeil.

  • Oui !

  • Alors qu'est ce qu'on vient faire nous deux dans tout cela. Et ça – il posa sur la table la crédenciale de vieux Juanes – qu'est ce que c'est ?

La jeune fille caressait la pochette de ses doigts longs et fins.

  • C'est une clef... mais je ne sais rien de la porte, ni où elle se trouve, ni qui en est le gardien.

  • Chez moi quand on trouve une clef on l'emmène au commissariat et son propriétaire sait où la réclamer.

  • Mais chez toi les policiers ne sont pas les complices des voleurs !

  • Cette clef appartenait à quelqu'un de ton peuple. Il faut trouver à qui la remettre et reprendre le chemin. Au fait tu ne m'as pas dit ce que tu fais toi sur le chemin ... mais tu ne veux peut être pas le dire.

  • Je suis venue pour apprendre. Ce chemin est notre université. Normalement je dois y rencontrer des maîtres... On a coutume de dire qu'on ne fait pas le chemin, c'est le chemin qui nous fait... Je le laisse faire....

  • Pourtant tu nous as révélé des secrets qui feraient de toi une initiée dans n'importe quelle secte d'occultisme.

Meritxell eut un petit sourire gêné.

  • Tu as raison quand tu dis que je suis initiée mais pas au sens où tu l'entends.

  • Explique moi s'il te plaît.

  • C'est amusant d'apprendre des choses à un professeur. Tu dis que je suis initiée... mais l'initié n'est pas "celui qui sait". Initier veut dire débuter, l'initié n'est qu'un débutant ... Celui qui s'engage sur le chemin de la connaissance. Je viens simplement d'entrouvrir une porte ...

  • Tu cherches quel genre de "savoir" ?

  • Je ne cherche pas un quelconque "savoir" mais la connaissance, et il y a une différence fondamentale entre savoir et connaissance.

Les yeux de la jeune fille s'étaient animés d'une flamme sombre.

  • Le savoir est uniquement cérébral, ce n'est qu'une accumulation de données. Toi tu sais énormément de choses mais ça ne fais pas de toi un maître. - Elle eut un sourire en coin. - mais un « simple » professeur.

Un peu vexé Alex répliqua.

  • J'ai un peu de mal à te suivre.

  • Je vais prendre l'exemple de la musique. Imagine un musicien sourd. Il peut tout savoir des instruments, des lois de l'harmonie, des subtilités de la composition. Il saura tout de la musique mais il n'en aura pas la connaissance. L'essence de la musique lui sera inaccessible. Pire, il n'aura pas conscience que celle-ci lui échappe. ...

  • Beethoven était sourd ! il croyait peut être qu'il écrivait des histoires drôles.

  • Imbécile ...

  • Excuse moi . Il lui décocha son plus beau sourire. - j'aime bien dire des conneries parfois.

  • Une fois de plus tu confonds les mots. Là tu confonds « parfois » et « souvent ».

  • Oui, parfois...

  • Je peux continuer. À moins que ça ne t'intéresse pas !

  • Continue s'il te plaît. Comment fais tu pour acquérir la connaissance ?

  • Nous considérons que seule la manipulation de la matière nous permet d'acquérir sa connaissance. Ce sont des notions qui n'ont rien de cérébrales, elles s'acquièrent au travers de la main... Par le travail manuel.

Alex retrouvait dans ces phrases des concepts qu'il avait déjà entendus chez les compagnons du tour de France.

  • C'est vrai qu'on oublie trop souvent la valeur du travail.

  • Sauf que nous ne concevons pas le travail de la même façon que la plupart des gens. Le travail est un moyen d'élévation personnelle et non pas un simple moyen de gagner sa vie.

  • Ça me rappelle cette histoire que j'avais entendue dans un séminaire sur le compagnonnage: Sur le chantier d'une cathédrale un évèque rencontre trois tailleurs de pierres. À la question "que faites vous?", le premier répondit "je taille une pierre". Le second dit "je gagne ma vie" et le troisième "je construis une cathédrale". Celui là était un compagnon.

    Meritxell sourit.

  • L'erreur fondamentale de la société occidentale a été de faire disparaître le travail derrière l'argent. Le travail a perdu sa valeur et l'homme a perdu sa dignité.

  • Wahou, là ça devient carrément philosophique ! De façon plus pratique, comment reconnais tu les endroits où tu dois recevoir un enseignement ?

La jeune fille rougit.

  • Je ne dois pas. C'est un secret !

  • Tu ne penses pas qu'on commence à en partager beaucoup ?

  • Oui, mais celui là j'ai promis ! Pour les autres ce sont des histoires racontées le soir au coin du feu... des légendes.

  • Je veux bien te croire ... mais si je dois remettre ce document à quelqu'un, il faut que je puisse le reconnaître.

  • Je lui donnerai moi.

  • Tu lui donneras si moi je te le donne ... et puis je n'ai pas envie de me fâcher avec toi ce soir. Si tu ne veux rien me dire, je ne vais pas te forcer !- il lui tendit la crédenciale - Tiens voilà la pochette, tu la donneras à qui bon te semble...

    Elle ouvrit de grands yeux incrédules.

  • Tu me laisses ? tu t'en vas ?

  • C'est ce que tu veux ?

  • Non ! - la voix de Meritxell n'était plus qu'un murmure inaudible.

  • OK, alors je reste avec toi. Quand tu me diras de partir, je partirai.

L'index de la jeune fille dessinait des entrelacs sur le poignet d'Alex.

  • C'est un chrisme ! Tu sais ce que c'est un chrisme ?

  • Oui bien sûr ! Un « khi »et un « ro »entrelacés le tout dans un cercle. Ce serait le signe que Constantin avait fait broder sur son étendard lorsqu'il est devenu chrétien. On en voit de temps en temps dans les églises, sur les tympans au dessus des portes. Rien que dans les Hautes Pyrénées on en a dénombré des dizaines. Au douzième siècle il a été plus ou moins normalisé...

  • Comment ?

  • Et bien on a lui a systématiquement adjoint un alpha et un oméga symbolisant le christ, le « ro » s'est transformé en « P » pour signifier le « Père » et un « S » est venu compléter le symbole trinitaire pour rappeler le « saint esprit ».

 

chrisme-chi-rho

La jeune fille le regardait avec un sourire ironique.

  • Tu es bien un professeur toi ...

    Alex sentit ses oreilles rougir.

  • Pourquoi tu dis ça ?

    Meritxell haussa les épaules.

  • Ta façon de répondre, de tout savoir sur tout en étant certain de détenir la vérité. La réponse que tu viens de faire est une réponse de « professeur », la réponse de l'académie....

  • Tu sais autre chose sur les chrismes ?

  • Oui ... C'est bien plus ancien ... c'est un signe qui signifie entre autres « attention ».

  • Tu en est certaine ?

  • Ben oui ... je ne suis pas prof d'histoire mais le « khi » et le « ro » entrelacés signifiaient dans la Grèce ancienne « Chrestos » et non pas « Christos ».

    Alex se redressa le doigt en l'air.

  • Et « chrestos » veut dire « utile, de bon augure » ...

    La jeune fille sourit.

  • Exactement ... T'es vachement fort quand on te mets dans la bonne voie. C'est de ce mot que dérive le « chrestias » dont on nous a affublé depuis le moyen âge et que les gens ont traduit par « chrétiens » voire « crétins ».

    Alex resta silencieux un long moment.

  • Bien sûr ... Bon tu me parleras de tout ça une autre fois. Pour l'instant je préfère me cantonner à la notion de « smiley ».

Le jeune homme était devenu sérieux.

  • Donc c'est simple, on cherche ce « smiley ». Une fois qu'on l'a trouvé, on cherche le Maître, on lui donne la pochette et basta !

  • Et mon enseignement, j'en fais quoi ? J'ai pas gagné au loto moi. Je bosse, je suis pas rentière.

Alex rougit.

  • Oui c'est vrai que toi tu as une vraie raison d'être là. Tu es pressée ?

  • Non pourquoi ?

  • Tu m'accompagnes à Compostelle puis je te ramène où tu le désires pour reprendre ton enseignement...

  • Pourquoi je ferais ça ?

Alex regardait le plafond les yeux dans le vague.

  • Parce que – il hésitait à prononcer ces mots – parce que il y a peut être toujours du danger, parce qu'on est plus fort à deux, parce que j'ai très envie de faire un bout de chemin à tes côtés ...

Meritxell prit une tranche de concombre couverte de tapenade et mordit dedans à pleines dents en souriant.

  • Je crois que moi aussi j'en ai envie ...

 

 

 

****

 

 

 

Alex avait espéré que dans une ville aussi grande qu'Estrella, accueillant des pèlerins à longueur d'année, il lui serait enfin possible de prendre un vrai petit déjeuner avant le lever du jour. Mais la gérante de l'hôtel avait eu un haut le coeur lorsqu'il lui avait suggéré et elle lui avait indiqué un bar ouvert tôt le matin, non loin de la gare.

Alex et Meritxell déjeunaient en silence.

En trempant un mauvais croissant dans son café le jeune homme observait l'attirail de sa compagne, posé contre le comptoir. Le sac était assez classique, identique au sien mais le bâton de marche était fait d'un bois clair, très fin et joliment sculpté.

  • Je n'avais pas fait attention à ton bâton de marche hier. Il est bizarre.

  • C'est du noisetier.

Elle s'essuyait la bouche avec une serviette en papier.

  • Du noisetier ! C'est assez solide pour une cane ?

  • Celle là, oui. C'est une abak, mon père a choisi l'arbre à ma naissance, il l'a fait sécher, l'a sculptée et me l'a remise pour l'Enok.

  • L'Enok !

  • La fête familiale qui marque le passage à l'âge adulte ... à quatorze ans.

  • La sculpture est superbe, c'est quel oiseau ?

  • Une grue...

Elle avait laissé sa phrase en suspend. Alex leva un sourcil intérogateur. Ces objets sont des symboles ?

  • Oui, le noisetier et la grue sont les symboles de ma famille. Je t'en parlerai une autre fois. On y va ?

Ils s'équipèrent de leurs sacs à dos puis se dirigèrent vers le parc qui longeait le Rio Ega. Une passerelle piétonnière permettait de rejoindre la N 111. Après avoir traversé les faubourgs d'Ayegui, ils prirent la direction du monastère d'Iratche.

 

Alex aimait marcher à l'heure où le soleil se lève. L'air lui paraissait plus pur, vibrant d'ondes bénéfiques qui l'emplissaient d'une énergie favorable. Cet instant était réellement différent avec un côté magique difficile à expliquer. Le jeune homme était certain qu'un jour ou l'autre la science démontrerait ses effets particuliers. Meritxell ressentait les mêmes sensations et tous deux marchaient côte à côte sans parler, perdus dans leurs rêveries.

 

IMG_6097 (2)

 

Le monastère d'Irache apparut bientôt sur l'horizon. Une forêt de chênes verts servait d'écrin au joyau de pierre éclatant de blancheur.

Le chemin serpentait entre d'immenses vignobles. Un grand bâtiment industriel s'élevait en bordure du sentier. Sur sa façade était inscrit le nom du vignoble « BODEGAS D'IRACHE ».

 

IMG_6100

 

  • A mon avis on ne doit plus être très loin de la fontaine à vin dont parle le guide.

  • Il est encore tôt, tu crois que Carlos est arrivé ?

  • Je ne sais pas. S'il n'est pas là, on l'attendra jusqu'à neuf heures. Tiens, pas la peine de s'affoler. C'est lui là bas, au bout du chemin.

La jeune fille sourit. Elle leva le bras, une silhouette aux couleurs fluo s'agita en faisant de grands signes.

Alex serra la main de Carlos.

  • Ça fait longtemps que tu es arrivé ?

  • Une demi heure, j'ai assisté à l'ouverture de la fontaine.

    La fontaine à vin d'Iratche, haut lieu du chemin, offrait gratuitement et en libre service du vin et de l'eau aux pèlerins mais l'ensemble était protégé par un enclos grillagé, pour éviter d'éventuels abus nocturnes.

    Alex sortit un gobelet de son sac. Il demanda en remplissant son verre.

  • Qu'est ce qui est écrit sur le blason au dessus de la fontaine ?

Meritxell s'approcha et traduisit.

  • « Pèlerin, si tu veux arriver à Santiago, avec force et vitalité, de ce grand vin avale un coup et trinque à la félicité. »

  • Tu en veux ? - demanda le jeune homme – en lui tendant son gobelet.

  • Merci Alex mais je bois rarement de l'alcool.

  • Ce n'est pas de l'alcool mais un don du chemin. Et toi Carlos ?

Alex s'était tourné vers le canarien mais celui ci n'était plus là, et trois hommes qu'il n'avait pas entendus arriver bloquaient maintenant la sortie.

Il sentit les doigts de Meritxell s'enfoncer dans son bras. La jeune fille tremblait.

 

 

Les trois individus paraissaient menaçants.

  • Qu'avez vous fait de Carlos ?

La silhouette du jeune homme apparut derrière la haie. Il baissait les yeux, gêné. L'un des trois hommes lâcha avec un horrible accent anglo-saxon.

  • On trouve toujours un Judas prêt à vendre ses amis!

Alex reçut la nouvelle comme un coup de poing dans le ventre.

  • Salaud !

Carlos regarda ces anciens compagnons.

  • La vie est dure dans les îles ... cent mille euros c'est beaucoup ! Plus en tous cas que ce que j'aurais pu gagner en dix ans ! Et puis je ne vous connais pas vraiment, il y a peut être de bonnes raisons pour que vous ayez été maudits par l'église !

Il tourna les talons et s'en alla sans se retourner. L'homme jeta méprisant.

  • On a les amis qu'on mérite.

Puis se plaçant face aux deux jeunes gens.

  • Vous avez des renseignements qui nous intéressent au plus haut point. Ce n'est pas la peine de chercher à vous enfuir. Nous aurons ces renseignements.

  • Si je vous les donne vous nous laisser partir.

  • Malheureusement ce n'est pas possible ! Nos responsables souhaitent que vous soyez conduits en lieu sûr pour être interrogés.

Meritxell n'avait pas lâché le bras d'Alex. Elle murmura entre ses dents.

  • Depuis l'inquisition on sait comment vous interrogez les gens.

Un vilain rictus déforma le visage de l'homme resté en retrait. Alex sortit la credenciale de Juan-Pablo de sa poche.

  • Je peux aussi la détruire.

L'homme sourit.

  • Vous ne manquez pas de cran jeune homme. - il mit la main dans sa poche et en sortit un pistolet nickelé. - je vous aurais tué avant. Vous avez tout de même moins d'importance que le document ... que d'ailleurs vous allez me remettre immédiatement. Nous allons attendre sagement l'hélicoptère qui vient vous chercher, sans nous énerver si vous voulez que les choses se passent bien !

 

Une pétarade retentit sur le sentier. Une camionnette approchait dans un nuage de poussière. Sur son capot « Bodegas d'Iratche » était inscrit en lettres rouges. Le véhicule s'arrêta à hauteur du petit groupe. Un employé en descendit vêtu d'une combinaison verte de vigneron.

  • Excusez moi ! Nous allons fermé la fontaine. C'est la maintenance.

Le regard froid du chevalier se fixa dans celui d'Alex.

  • Le moindre geste inconsidéré et je tue aussi ces deux innocents. Votre amie a dû vous expliquer que nous ignorons la pitié !

Le vigneron observa le petit groupe d'un oeil inquisiteur tandis que son compagnon descendait à son tour.

  • Vous devriez vous mettre à l'abri, les frelons sont agressifs en ce moment.

Alex regarda autour de lui. Le vigneron continuait.

  • Ils sont de plus en plus nombreux, qu'est ce que vous leur avez fait ?

Les trois chevaliers se comportaient de façon étrange. Comme des gamins affolés ils se débattaient en agittant les bras et en se protégeant le visage. Le vigneron insistait.

  • J'en avais jamais vu autant à la fois. Ça doit être à cause des raisins écrasés un peu partout. Vous devriez aller vous réfugier au monastère.

Les trois hommes détalèrent. Des cloques apparaissaient sur les parties de leurs corps dénudés, les bras, les jambes, le cou ... Ils hurlaient en courrant vers le monastère. Pendant ce temps le vigneron avait fait signe aux deux jeunes gens.

  • Montez avant qu'ils ne reprennent leurs esprits.

Tandis qu'ils s'installaient à l'arrière de la camionnette les deux hommes se présentèrent.

  • Je m'appelle Jean-Jacques, voici Jethro, on est arrivé à temps !

Alex était dépassé par la succession d'évènements.

  • Qu'est ce que vous leur avez faits ? Qui êtes vous ?

  • Nous ! On leur a lancé un petit sort de confusion mentale ... c'est pas de la sorcellerie, simplement une suggestion un peu appuyée.

Meritxell souriait.

  • Ce sont des jacks Alex. On peut leur faire confiance.

  • Comment en es tu si sûre ?

  • Je le sais !

Le jeune homme sursauta.

  • On a vu qu'on pouvait se tromper avec Carlos ... Si je le retrouve celui là, je lui explose sa jolie petite gueule ! Il ne pourra plus surfer que sur internet !

Meritxell lui serra la main, ce qui le calma instantanément. Il se pencha vers les deux hommes.

  • Où va t'on ?

  • On commence par changer de véhicule. Celui là doit déjà être signalé, et on vous conduit à la grande loge. Le Grand-Jarssouhaite s'entretenir avec vous.

La camionnette avait fait demi tour vers Estella. Elle s'immobilisa au bord du chemin en arrivant à Ayegui. Un vieux combi Wolksvagen attendait au bord de la route. Jean-Jacques fit un signe à l'intention des jeunes gens.

  • On prend le combi. A partir de maintenant nous sommes des journaliers et nous avons fini les vendanges. Nous rentrons chez nous à Logroño.

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