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Le réveil de la vouivre
1 janvier 2020

chapitre 8

Torres del Rio

 

 

Juan-Pedro Carpintera et son épouse Carmen habitaient Torres-del-Rio. Leur petite maison, entourée de figuiers et d'oliviers multicentenaires, s'élevait à l'écart du village, près du vieux pont qui enjambait le rio Linares. En blocs de grès bien équarris l'habitation d'un étage paraissait basse, comme tassée sur elle même par le poids des ans. La porte d'entrée, seule ouverture donnant sur la rue, était fermée par un lourd battant de chêne .

L'intérieur montrait le même dépouillement quasi monacal. Une pièce unique occupait la totalité du rez de chaussée, simplement meublée d'une table et de quatre chaises. Les quelques ustensiles de vie courante étaient disposés dans des niches creusées à même la roche ou sur des banquettes de pierre adossées à la paroi. Une vaste cheminée aux proportions harmonieuses occupait tout un pan de mur. Sur son linteau étaient gravée des lettres d'un alphabet inconnu. Quelques braises rougeoyantes , uniques sources de lumière, scintillaient dans l'obscurité de la pièce. 

De longues dalles de calcaire recouvraient le sol. Seules une échelle de meunier donnant sur l'étage et une trappe dissimulant l'entrée de la cave apportaient une note chaude dans cet univers minéral. 

Madame Carpintera refermait soigneusement la trappe de la cave derrière son mari. La brave dame, comme à son habitude s'agenouilla devant une petite statue de la vierge achetée à Saragosse vingt ans plus tôt. Elle replia soigneusement les plis de sa lourde jupe de laine brune sous ses genoux et ferma les yeux. Elle espérait que ses prières sauveraient un peu de l'âme de son malheureux mari qui, dans l'obscur réduit, s'adonnait à l'une de ces séances de sorcellerie qu'elle détestait.. 

Monsieur Carpintera, allongé à même le sol, directement sur le rocher, avait retiré sa chemise, son bonnet et se tenait les bras en croix. Il cherchait à aspirer l'énergie de la Vouivre par tous les pores de sa peau. Ses ancêtres avaient choisi cet endroit il y a plus de mille ans pour bâtir leur demeure car ici, le grand serpent affleurait la surface. Ces lieux étaient rares et Juan-Pedro savait que ses grands-parents avaient eu beaucoup de chance. Ils lui avaient légué un héritage inestimable dont il devait se nourrir aussi souvent que possible. 

Juan-Pedro ferma les yeux. Une grande force le pénétrait, s'insinuait le long de chacune de ses terminaisons nerveuses pour remonter jusqu'à sa colonne vertébrale. Le contact avec la pierre glacée aurait dû le faire grelotter, or une chaleur intense irradiait dans tout son être. Il se concentra encore jusqu'à ne plus sentir son enveloppe charnelle. Il ressentit la séparation entre celle ci et son double-astral en éprouvant une jouissance proche de l'extase. 

Le passage vers le « deuxième ciel » se fit en une fraction de seconde. Il volait maintenant au dessus de son corps en toute conscience. Cette sensation de plénitude et d'infinie légèreté était grisante et jamais ne le lassait, mais il avait une mission à remplir. 

Le conseil des jars avait assigné aux "veilleurs" le contrôle de la voie sacrée et le "chanteur de mémoire" venait de le mettre en alerte en activant le réseau sacré entre son habitation et la grande loge. Une centaine de kilomètres séparaient Torres-del-Rio de Roncevalles, plus de quarante gîtes et quelques milliers de pèlerins ... il devait trouver parmi cette masse d'individus des renégats de la Maison-Dieu ! 

 

Dans son enveloppe astrale, le jars scrutait le sol en observant les auras de tous les êtres vivants... Dans cet état particulier de conscience, le paysage ressemblait à un immense caléidoscope aux couleurs mouvantes. Pour un néophyte cette vision se serait vite avérée nauséeuse mais Juan-Pedro pratiquait les incursions dans le « deuxième ciel » depuis de nombreuses années. Il savait chercher les auras suspectes et celles des hommes de la Maison-Dieu étaient très particulières. La proximité qu'ils entretenaient avec Hars, la « pierre de force », leurs donnaient une tonalité carmin facilement identifiable. 

À Los-Arcos et à Estrella la Maison-Dieu entretenait des commanderies depuis plus de six siècles. Il survola les tours de verre de chacune d'elles. Elles étaient occupées par les petits hobereaux locaux, fils des familles nobles de Navarre. Juan-Pedro ne s'attarda pas, il connaissait chacun d'entre eux. 

En approchant de Puenta-la-Reina une impression néfaste étreignit la poitrine du jars. Il eut le sentiment qu'une ombre gigantesque s'était abattue sur la ville. Un frisson parcourut le corps inanimé allongé dans la cave. Juan-Pablo avait trouvé la mort dans les parages et son ombre planait encore sur la contrée...

Le jars ralentit sa progression, deux tâches carmin scintillaient à la sortie de la ville. Abandonnant le mode de vision ethérique, il s'approcha . 

Deux hommes chargeaient des bagages à l'arrière d'une grosse Ford noire sur le parking d'un l'hôtel. 

  • Nous serons à Logroño dans une heure, nous avons un travail important là bas. Tu prends le volant pendant que je contacte Sire Guy. 

Le plus jeune, un homme maigre aux cheveux noirs de type méditerranéen, s'exprimait d'une voix rocailleuse avec un débit haché.

  • D'accord, tu lui demandes quand est ce que je rentre, ça fait six mois que je suis dans ce bled pourri et j'ai hâte de retrouver Madrid. 

Son compagnon haussa les épaules en refermant le coffre de la voiture. Il rajusta le holster fixé sous son aisselle. La crosse noire d'un pistolet était visible dans l'échancrure de sa veste. 

  • Je ne pense pas que tes états d'âme l'intéressent en ce moment. Tu es en mission et d'après ce que j'en sais le Nautonier a envoyé le Maréchal en personne pour superviser les opérations. 

La grimace de son partenaire prouvait que la réputation de Sire Pons n'était plus à faire parmi les chevaliers. 

Juan-Pedro avait la certitude d'être en face des assassins de Juan-Pablo. Son double astral tournait au dessus des deux individus et un profond dégoût l'envahissait. Il émit une onde télépathique vers la loge. Une simple impulsion mentale lui apprit que l'information avait été enregistrée. 

Lorsque le véhicule démarra, le jars reprit son vol vers Pamplona. Il approchait de la commanderie de Cizur-Minor quand une nausée lui souleva l'âme. Carmen, sa femme, le rappelait et cherchait à le faire revenir dans son enveloppe physique.

 

Autant l'envol vers le « deuxième ciel » était une sensation agréable, autant le retour pouvait être éprouvant. 

Il se réveilla en sursaut sur le sol froid de la cave. Carmen avait entrouvert la trappe et l'appelait d'une voix anxieuse. 

La silhouette de son épouse se détachait comme une ombre fantomatique dans l'embrasure de la trappe. Juan-Pedro reprenait lentement ses esprits et se rhabillait avec des gestes gauches. Il interpella sa femme d'une voix pâteuse. 

  • Tu sais bien que je déteste être rappelé comme tu viens de le faire. Qu'est ce qu'il y a ? 

Son épouse estimait que passer ses soirées à prier pour le salut de leurs âmes à tous les deux lui donnait certains droits. Celui de réveiller son mari quand bon lui semblait en faisait partie. 

  • Une fille, une française veut te voir. 

Juan-Pedro fut immédiatement sur la défensive. 

  • On la connaît ? Elle t'a dit qui elle était ? 

Carmen haussa les épaules. 

  • Parce qu'on connaît des français maintenant ! Elle a parlé d'un « veilleur », je ne sais plus moi ! Presse toi elle attend dehors. 

Le jars sortit de sa cave. En grimpant les marches de l'antique escalier de bois Juan-Pedro s'interrogeait. Il était perdu dans ses pensées quand Carmen fit entrer la demoiselle. 

C'était une frêle jeune femme aux yeux gris, aux cheveux très blonds, presque blancs et à la peau laiteuse. Dès qu'il la vit le jars fut rassuré. Elle s'avança et retira naturellement ses chaussures en passant le seuil. Cette demoiselle était des leurs... Elle tendit la main en s'adressant à lui en espagnol. Elle avait une petite pointe d'accent français qui sonnait joliment. 

  • Bonjour monsieur, je m'appelle Cécile Capdeplat. Je viens de Pau en France. 

Juan-Pedro était encore méfiant, mais lorsque la jeune fille lui eut expliqué le drame épouvantable qu'elle venait de vivre, il ne savait plus quoi dire. Dans sa tête les images les plus horribles s'entrechoquaient. Le supplice des pieds percés n'avait plus été pratiqué depuis l'inquisition ... Carmen pleurait. 

Une pensée cependant inquiétait l'espagnol. Il se racla la gorge avant de demander le plus innocemment du monde. 

  • Tu sais pourquoi on t'a demandé de venir ici, à Torres-del-Rio ? 

Cécile le regarda étonnée. 

  • Non, j'espérais que vous me le diriez. ... ce n'est pas vous que j'ai eu au téléphone ? On m'a donné votre adresse. 

Le jars hocha la tête. 

  • Nous n'avons ni téléphone, ni électricité ici ! 

La jeune fille pensa intérieurement « comme chez papa ... » 

  • Je ne sais pas si c'est important ... celui que j'ai eu m'a dit « demande le « veilleur il saura ce qu'il doit faire ».

  • Comment tu t'appelles déjà ?

  • Cécile Capdeplat !

  • Tu es parente avec Jean Capdeplat ? ... Le maître de Sordes.

  • Oui, c'est mon père ! 

Le petit espagnol porta la main à son front comme s'il était pris d'un étourdissement. Il grommela en Hargo, la tête basse. 

  • Encore un maître ... encore un maître ... 

Il releva la tête vers la jeune fille, une lueur d'angoisse au fond des yeux. 

  • Qui était ton oncle ?

  • Mon oncle s'appelait Jacques Peyragude ... 

Parler ainsi des deux hommes, au passé, arracha un sanglot à la jeune fille. 

Juan-Pedro était devenu blanc comme un linge. 

  • Jacques ! Le deuxième maître de Sordes ... tous les deux assassinés ! Grande Déesse pourquoi ?

    Cécile avait baissé les yeux et pleurait doucement. Soudain elle se redressa et murmura d'une voix brisée par l'émotion.

  • Il y a autre chose.

  • Quoi donc ?

  • La nuit où mon père et mon oncle sont morts, j'ai ressenti une sensation terrible. 

Juan Pedro écoutait d'une oreille vague. Son pied nu décrivait des cercles sur le pavement de la pièce. Il réfléchissait aux conséquences de la disparitions des deux hommes. 

  • Oui, je comprends ... la tristesse !

  • Non, je ne parle pas de ça ! Mon oncle m'avait donné une médaille pour mon anniversaire... il m'avait dit que j'étais l'héritière de sa lame. 

Juan-Pedro se raidit sur son siège. 

  • Qu'est ce que tu veux dire ?

  • Vous ne connaissez pas les lames ? 

Elle semblait surprise. Il la rassura tout de suite. 

  • Si, bien sûr, mais tu peux être plus précise ?

  • Cette nuit là, j'ai ressenti une période de grosse confusion mentale puis une sorte d'illumination.

  • Pourquoi ? 

La voix de Juan-Pedro était soudain devenue anxieuse. La jeune fille ne s'en était visiblement pas rendue compte. 

  • Je crois que c'était à cause de la médaille de mon oncle.

  • Pourquoi ?

  • La nuit je porte autour du cou cette médaille. Elle est devenue toute chaude.... j'ai eu l'impression qu'elle se collait à ma peau. 

Cécile glissa la main dans son tee-shirt est montra le médaillon de jaspe. Le visage de Juan-Pedro était tendu.Il murmura d'une voix rauque. 

  • Et ensuite ?

  • Le matin j'ai ressenti la même sensation de confusion suivie d'une illumination en saisissant la broche de papa. 

La main du jar tremblait sur son genou. 

  • Quelle broche ?

  • Un oiseau gravé sur une améthyste que mon père m'avait offerte pour mon anniversaire.

  • Tu l'as ici ?

  • Oui, bien sûr. 

De la poche de son jean elle sortit le petit bijou d'améthiste. 

  • Par la grande déesse ! 

L'exclamation était un cri. L'espagnol paraissait catastrophé, il hochait la tête de droite à gauche. Il murmura d'une voix rauque. 

  • Tu sais ce que cela signifie ?

  • Ce sont les lames de mon père et de mon oncle... 

Les traits du jars se figèrent instantanément et son regard se durcit soupçonneux. 

  • C'est impossible, personne ne peut avoir deux lames ! 

Juan-Pedro semblait à la fois choqué et outré, comme si la jeune fille avait dit une obscénité. Celle ci ne savait plus comment se comporter, elle était surprise par la réaction de l'homme qui se trouvait en face d'elle, par cette violence inattendue. Elle insista cependant.

  • Je les ai senties, j'en suis certaine. 

Le jars observait les deux médaillons en grommelant. 

  • Ton père aurait du la transmettre à quelqu'un d'autre ! 

Cécile regarda Juan-Pedro avec des larmes dans les yeux. 

  • Il l'aurait peut être fait ... mais on ne lui a pas laissé le choix. Et je crois qu'il ignorait que mon oncle m'avait légué la sienne. 

Il y avait tellement de tristesse dans sa voix que la colère du jars fit place à une confusion extrême. Carmen revenait avec des pâtisseries et du café. Elle le servit dans des verres épais. Juan Pedro essayait de trouver des mots pour dissiper le malaise. 

  • Excuse moi, je ne voulais pas ... c'est la première fois que cela se produit vois tu. 

La jeune fille eut un pauvre sourire avant d'ajouter. 

  • C'est aussi la première attaque de ce genre depuis bien longtemps !

  • Oui .... oui, et c'est terrible ! mais nous allons nous défendre. 

Il donnait l'impression d'hésiter, Cécile vint à son secours. 

  • Il y a un problème ?

  • Non mais je dois tout de même vérifier ce que tu m'as dit. Tu comprends, c'est une simple précaution.

  • Bien sûr, que faut il faire ?

  • Cette nuit nous irons dans la chapelle du Saint Sépulcre, au centre du village. Vers minuit... Il vaut mieux ne pas être vus, en attendant tu te reposes et tu reprends quelques forces. Carmen va s'occuper de toi. 

 

 

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Juan Pedro précédait Cécile dans les rues mal éclairées de Torres-del-Rio. Une lune blafarde inondait de lumière blanche les façades des vieilles bâtisses. La jeune fille frissonna, elle observait le jars qui marchait pieds nus, en silence devant elle. Il ressemblait beaucoup à son oncle, petit, frêle en apparence, mais sans doute doté comme lui d'une résistance à toute épreuve. 

La rue pavée grimpait vers une petite place au milieu de laquelle s'élevait une église de taille modeste. Sous la lune, Cécile reconnut le clocher octogonal et la lanterne des morts d'une chapelle templière. Des picotements lui chatouillèrent la nuque. Elle avait ressenti une sensation analogue en visitant l'église d'Hôpital-Saint-Blaise près de Pau où son oncle l'avait emmenée quelques mois plus tôt. 

Devant l'édifice, Juan-Pedro se retourna et prit la jeune fille par la main. Il l'entraîna à quelques mètres de là devant une auberge, fermée à cette heure tardive. L'enseigne de bois peint indiquait « la patta de oca ». Une veilleuse éclairait faiblement le linteau de pierre sur lequel étaient gravées trois croix : une croix templière, une patte d'oie et un tau. Juan-Pedro se pencha à son oreille et lui dit dans la langue chantante de son enfance. 

  • Ici autrefois se trouvait la première loge d'Espagne. Voilà ce que l'inquisition en a fait... une taverne ! 

Un long silence suivit sa phrase. Puis le jars posa sa main sur l'épaule de Cécile. 

  • Viens, nous allons à la chapelle. 

Elle jeta un dernier regard au symbole d'une gloire passée, transformé en bistrot et suivit Juan-Pedro. Ce dernier sortit de sa cape une lourde clef de fer . La porte s'ouvrit sans bruit. 

La chapelle était austère. Les dalles, glacées sous ses pieds nus, lui parurent récentes, sans l'usure et la patine des pierres anciennes. Le jars semblait lire dans ses pensées. 

  • Le sol a été refait il y a peu de temps. Mais c'est nous qui nous en sommes occupés. Tout ici est notre œuvre. Nous ne pouvons pas prendre le risque que des étrangers mettent leurs nez dans ce sanctuaire et altèrent sa puissance. 

Cécile sourit. Combien de fois avait elle entendu son père et son oncle dire la même chose ? Le jars referma doucement la porte. La chapelle aurait dû être plongée dans une obscurité totale or il n'en était rien. Par les lanterneaux situés au sommet du clocher les rayons de lune éclairaient la salle d'une lumière argentée. 

Juan-Pedro retira sa cape et la posa par terre. Il prit celle de Cécile, la mit sur la sienne puis il sortit un morceau de magnésie et traça une figure sur le sol. Le dessin ressemblait à une marelle d'enfant. De subtils entrelacs supplémentaires s'enchevêtraient à l'intérieur. Si l'ensemble tenait approximativement dans un carré, les courbes internes suggéraient irrésistiblement un labyrinthe. Le jars dessinait d'un mouvement rapide et sûr, résultat d'une longue pratique. 

Lorsqu'il eut terminé, il invita Cécile à pénétrer dans le tracé, puis ils se mirent à danser. La jeune fille ressentait des fourmillements dans les mollets et maladroitement elle essayait d'imiter le jars qui l'observait les yeux brillants. 

  • Laisse toi aller ... Concentre toi sur l'étoile, pas sur tes pieds. 

Du regard il lui montrait le chapiteau dont les nervures luisaient faiblement sous les rayons de la lune. 

Cécile sentit soudain son corps et son esprit se dissocier. Tandis que l'un tournait l'autre s'élevait vers la voûte de pierre. Elle entendit, très loin, la voix de Juan-Pedro. 

  • C'est bien, tu y es maintenant. 

 

 

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Ils tournaient très lentement en regardant la voûte et l'étoile à huit rais du chapiteau. Puis le mouvement s'accéléra tandis que leurs pieds virevoltaient sur les cases, de plus en plus vite comme ceux des derviches. Soudain, simultanément, leurs deux visages se figèrent, prenant une expression extatique. Ils tournaient maintenant à cadence régulière mais leurs regards restaient fixés sur un point immobile de la coupole où s'entrecroisaient les nervures de pierre. 

La danse dura ainsi de longues minutes, intense et silencieuse. Ils étaient en nage, leurs respirations devenaient haletantes et leurs yeux exorbités exprimaient une indicible joie. Puis tout s'arrêta. 

D'un coup, les deux corps s'affalèrent sur le sol. Juan-Pedro fut le premier à reprendre ses esprits, lentement. Il se releva et s'approcha de la jeune fille qu'il recouvrit de sa cape. Cécile grelottait. Le jars la regardait en souriant. 

  • Tu n'as pas l'habitude, n'est ce pas. 

Elle leva la tête, des mèches collées par la sueur cachaient son regard. 

  • Non, c'était la première fois - sa voix n'était qu'un souffle - mais je me sentais entraînée, comme si mes jambes savaient toutes seules ce qu'elles devaient faire ... Qu'est ce qu'il y a ici ?

  • Le temple est conçu comme une caisse de résonance. 

Un large sourire éclaira le visage du jars. 

  • Tu as été bien instruite ! Ton oncle et ton père peuvent être fiers de toi. 

Une ombre passa dans le regard de la jeune fille. Juan-Pedro prit Cécile dans ses bras. 

  • Excuse moi, j'oubliais les horreurs que tu viens de vivre. On va rentrer maintenant. 

La jeune fille semblait inquiète. 

  • Qu'est ce qu'il y a ? Tu te demandes ce que nous sommes venus faire ici ?

  • Oui, un peu !

  • Nous sommes venus faire le plein d'énergie, et je voulais m'assurer que tu étais bien celle que je pensais.

  • Rassuré ?

  • Oui, ce que tu as fait, seule une vraie jack pouvait le faire. Nous allons rentrer pour discuter un peu de ces deux lames que tu dis représenter. Je crois que cela ne s'est jamais produit auparavant.

 

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